Senlui, je me sens seul

Le médecin vagabondait dans les différentes rues pour faire son premier tout de reconnaissance. Parfois, il croisait certaines personnes mais en dépit du moment de la journée, peu de personnes parcouraient les rues. Ou alors, les habitants de la ville n'étaient tout simplement pas de grands promeneurs?

Il trouva une première auberge dans un coin assez paumé de la ville. Oui, il s'était éloigné un peu trop empruntant des ruelles qui lui étaient totalement inconnues. Il arriva alors devant la porte d'une auberge portant le nom du "caleçon frappeur". La pancarte de renseignement était d'ailleurs dans un sale état. Ce ne devait pas être le genre d'auberge qu'il cherchait. Plus loin, il en trouva ensuite deux autres dont la façade du bâtiment donnait beaucoup plus envie. Peut-être même trop. Auberges situées toutes deux au centre ville. Mais bizarrement, aucune d'entre elles n'étaient ouvertes. Enfin il entendit du bruit provenant d'une place au loin. Il y aperçut également une foule de monde et en se rapprochant pu comprendre ce qui s'y tramait:

"Venez, venez, mesdames, messieurs je suis le célèbre magicien Aranor!"

Il prit alors une pièce de métal gris et montra aux habitants sa faible résistance à une déformation. Puis, il sortit d'une bourse de la poudre qu'il jeta sur la pièce. Cette dernière se mit alors à briller. Il tenta alors de la plier: sans résultat. Il fit même appel à quelques hommes forts du public pour tester. Certains restaient dubitatifs, d'autres y croyaient.

"Poudre du père Lim Pinw Pinw, avis aux intéressés!"

Pressé, le jeune homme était reparti à la recherche d'une auberge ouverte pour sa collecte d'informations mais n'en trouva pas une seule exceptée celle du caleçon frappeur. Mais l'ambiance que dégageait la ruelle et l'état de la pancarte de bienvenue en disaient peut-être déjà assez pour que le médecin ne s'y aventure pas.

Il continua ensuite sa recherche quand il aperçut une pancarte concernant le Magicien Aranor. Les informations apportées ne lui concernait pas, excepté le fameux : " les services et commerces de la ville seront fermés durant la prestation de notre invité." Ce qui expliquait le pourquoi des fermetures des auberges. Il n'eut alors d'autres choix quand d'attendre encore une heure que le spectacle du magicien finisse. S'ensuit un brouhaha dans les rues qui indiquaient que l'activité de la ville allait reprendre. Certaines personnes en profitaient ainsi pour se rendre dans auberges ou bars pour profiter de l'après festivité. Le médecin se glissa également dans l'auberge principale de la ville.

Les discussions fusaient dans tous les sens, les autres occupants de l'auberge étaient en majorité de bonne humeur alors que la ville connaissait pourtant des disparitions. La conséquence des festivités!

"Non mais tu as vu comment il a réussi à faire sortir la série de lapins de sa poche! Et quand il disparut à la droite de la scène pour se retrouver au milieu de la foule!"

Le centre de discussion était du même type que la précédente: la prestation d'Aranor. Peut-être que s'il était venu un jour plus tôt, il en aurait appris sans trop se bouger sur ce qui l'intéressait.

"Vous voulez quelque chose à boire monsieur?"

Un serveur était venu, à disposition du médecin.

Visiblement, certaines personnes étaient ... plutôt spéciales. Du genre, la femme accoudée au comptoir. Elle semblait ne pas être des plus dociles d'après le couteau qu'elle avait autour de la taille. Néanmoins, il n'avait pas vraiment de temps à perdre à ce genre de personnes. Si il commençait à étudier toutes celles autour de lui, il en perdrait du temps. Il s'apprêtait à parler à la petite boule dans sa sacoche avant d'entendre des petits jappements à ses pieds. Un chien ? Ce n'était pas qu'il n'aimait pas les bêtes, loin de là même ... Mais en voir un ici ... Et surtout aussi amical ?

"Il me donne l'impression qu'il veut que tu le suives."

"Brillante remarque, Espélie. Que dois-je faire ?" demanda t-il en essayant de trouver la réponse à cette question. Des petits regards dont la femme au comptoir se firent en sa direction. Si ... Il ne décidait pas de suivre le chien, il aurait quelques problèmes. D'ailleurs, ce n'était pas ce que la femme lui avait signalé ? Que si il ne décidait pas de coopérer, il risquerait d'avoir de gros soucis ? Avec réticence, il se leva, notant le nom de l'auberge et aussi comment il s'y était rendu avant d'accompagner le chien. Il restait sur ses gardes, cherchant brièvement si le chien avait un peu de pouvoir magique ou non en lui. Peut-être que c'était le cas ? Du moins, il était suspicieux ... Il accompagna le chien, demandant à Espélie de surveiller au cas où si on le suivait ou non.

Après avoir tranché et fait son choix, le garçon prit quelques ruelles, sombres, étroites et qui semblaient être, tellement peu sûres qu'elles donnait un sentiment d'insécurité: un endroit parfait pour kidnapper des personnes. Cependant, rien ne dessinait à l'horizon, à mesure que le médecin faisait sa ronde. Il commençait surtout à se rafraichir et le vent reprenait en bourrasques.

Et puis, des bruits métalliques se firent entendre, dévoilant, un chat qui faisait les poubelles et qui au passage, en avait renversé quelques unes. Le chat s'approcha ensuite du manieur d'ärm, miaulant comme pour mendier de la nourriture et puis, d'un coup, il prit peur et se mit à détaler. Après un chien, un chat, peut-être était-ce un signe pour le manieur d'ärm. Mais vu la vitesse de fuite du félin, Pariclèse devait s'y rendre immédiatement s'il voulait suivre l'animal.

Sinon, plus loin, des bruits commençaient à se faire entendre: deux ivrognes avançaient en zig zag tout en titubant. Cela restait un peu tôt pour en croiser à cette heure. Ce devait-être le phénomène 'magicien' qui avait décaler leur apparition.

"Hey mon poto! z'avez pas une chtite pièce!"

L'un finit par remarquer Pariclèse. L'autre type derrière était en train d'avancer étrangement, car il se voyait suivi ... par son ombre! (formée par les lumières du café non loin). Ils pourraient être des cibles faciles, mais les informations de Pariclèse ne donnaient pas de corrélation avec disparition et ivrogne.

Décidant d'ignorer les deux ivrognes, le jeune homme continua son enquête paisiblement. Les rues défilaient alors, les plus sombres où rien ne s'y trouve et quelques unes éclairées par le commerce de nuit. Autres ivrognes, autres animaux errants, dame en minijupe. On y voyait de tout et rien de vraiment surprenant.

Ensuite, il croisa un homme qui sortait de la boulangerie. Il ne ressemblait en tout cas à rien à un voleur de part son attitude relax et ses vêtements mais sa promenade restait un peu étrange: à chaque croisement de rue, il se stoppait quelques secondes puis il reprenait. Un somnambule?

"jeune homme! ça vous dirait de me raccompagner chez moi, je me suis perdue"

C'était l'une de ces femmes en jupe. Certes, ce passe-temps interromprait son enquête mais si, en dépit des apparences elle était vraiment perdue, elle pourrait faire une cible de choix pour le kidnappeur.

Et en même temps, l'homme somnambule s'éloignait. Bientôt il ne serait plus apte à le voir.

"Tiens donc ... Voilà que tu te fais dragué ..." murmura faiblement Espélie de telle sorte que la femme ne l'entende pas.

"Tu n'as pas à être jalouse ..." répondit-il sur le même ton faible avant de se tourner vers la jeune femme. Pourquoi celle-ci venait-elle vers lui ? Il avait quelque chose de spécial ? Néanmoins, il restait méfiant car cette femme pouvait tout être aussi bien la criminelle. On ne savait pas de quel sexe était l'ennemi. Il murmura calmement :"Je veux bien vous raccompagner. Néanmoins, je ne connais pas cette ville alors je ne pense pas pouvoir vous aider beaucoup plus. Si ça ne vous dérange pas plus que cela, alors nous pouvons y aller dès maintenant."

Avec lenteur, il referma en grande partie son sac, chuchota à Espélie de rester vigilante bien qu'elle n'allait pas pouvoir voir grand chose avec la fermeture du sac. C'était une simple ... mesure de précaution pour éviter de plausibles futurs ennuis. Il ne voulait pas que cela pose de trop gros problèmes. Il se tourna vers la jeune femme, lui annonçant qu'ils pouvaient partir bien qu'il avait besoin d'informations sur la localisation de l'endroit où elle voulait se rendre.

La demoiselle s'était rapprochée du médecin, dévoilant un physique assez jeune: environ la vingtaine d'après l'apparence. cheveux châtains mi longs, yeux verts et un regard un peu malicieux dirigé vers le jeune homme. Un sourire s'ensuit aussi.

"Merci, c'est bien aimable à vous."

Elle se mit à regarder dans les différentes direction avant d'hausser les épaules.

"En vérité j'habite en ce moment j'ai ma tante prés du parc. Mais je connais mal la ville pour le moment."

Puis elle émit un bruit ressemblant assez à un rire. Rire sur son sort de fille perdue. Mais ce rire sonnait assez faux, mal. Il était peu élégant à entendre et irait même jusqu'à agacer quelques personnes.

"Peut-être pourriez-vous me conduire jusqu'à la place centrale? Ce serait un bon début. Ou alors vous avez une meilleure idée pour m'épater?"

Elle parlait beaucoup et était fortement expressive au fil de la conversation. Jusqu'où tout cela allait mener notre enquêteur?

Les deux personnes se baladaient alors dans la ville sombre vers le centre de la ville. Petit à petit la demoiselle tentait de rapprocher du jeune homme. Ce n'était en aucun cas fait discrètement, même plutôt maladroitement. Voulait-elle que le jeune homme s'en rende compte?

"Ce n'est pas grave, on passera alors un peu plus de temps à chercher."

Et elle le disait d'une façon telle qu'on pouvait en déduire qu'elle était contente de sa situation. Un beau jeune homme qui l'escorte au milieu de la nuit était pour elle un beau début de relation.

"Et sinon, vous faites quoi dans la vie de tous les jours? Vous n'êtes pas d'ici non plus si je ne me trompe?"

Coup de chance de sa part ou non? En tout cas, elle visait dans le mille.

"Waaaa"

Après qu'une chauve-souris ne soit passé dans le ciel, la demoiselle terrifiée (ou feignant de l'être) s'était accrochée au bras du garçon. Elle approchait d'ailleurs son visage plongeant les yeux dans les siens. Un regard rempli de désir.

"Je ne pense pas que ça soit une bonne idée. Malheureusement, j'ai des occupations un peu plus importantes que ça, j'en suis désolé." murmure t-il calmement après qu'elle lui ait dit qu'ils avaient tout leurs temps.

Lorsque vint le moment où une chauve-souris passa près d'elle pour qu'elle se colle à elle, il resta parfaitement stoïque et calme Il n'allait pas profiter de la situation puisqu'elle ne l'intéressait pas. Il la repoussa très faiblement avant de reprendre la parole :

"Ce n'est pas bien grave. Loin de là même. Ce n'est qu'une simple chauve-souris. Et oui, je ne suis pas d'ici. Pardonnez-moi mais nous devons accélérer les choses."

Mais par où commencer ? D'ailleurs, elle était un peu trop collante. Pendant qu'elle ne le regardait pas, il allait voir s'il n'y avait rien d'étrange chez elle ou alors dans les alentours. D'ailleurs, s'il pouvait concilier sa mission avec cette jeune femme ... Ca serait parfait. Mais avant, il devait d'abord la surveiller au cas où. Maintenant, il était plutôt perdu lui aussi ... mais toujours méfiant.