L'exil (Post n°1)

Theo errait dans les rues de Easton totalement désemparé, il n’arrivait pas a prendre la réelle mesure de ce qu’il venait de subir, honte, tristesse, désespoir, tout ces sentiments l’habitaient, tramant un décor des plus sombres. Il était banni, renié, rejeté par les siens, lâché dans le vaste monde qu’il connaissait si mal.
Ses pas le guidèrent inconsciemment vers le lieu qu’il connaissant le mieux dans les rues de la bourgade, le marché. Comme tous les jours, les deux rues et leur carrefour étaient bondés de monde, et les étales des marchands et camelots s’étalaient dans un joyeux désordre, mais aujourd’hui Theo n’avait pas la tête à s’amuser, à contempler l’effervescence du lieu. Alors que comme à l’accoutumé les gens se bousculaient, se hélaient ou riaient bruyamment, Theo avançait tel un fantôme, être silencieux, renfrogné. Tout d’abord Theo n’en pris pas conscience, mais il finit en arpentant le marché par se rendre compte que sur son passage les discussions s’atténuaient et les regards se tournaient vers lui, se faisaient hostiles pour certains, compatissant pour d’autre. Cela lui fit esquisser un pauvre sourire, sur une si petite île les rumeurs filaient plus vite que le vent. Un jour seulement s’était écoulé depuis la lutte ayant opposé les gardiens aux pillards et déjà tout le monde avait pris connaissance et parti pour les uns ou les autres.

« Youhou, il y a quelqu’un dans cette tête ? Tu m’écoutes ! » La petite voix flutée le sortit brusquement de sa rêverie.
« Quoi ? » Le ton était involontairement dur, cassant.
« Excusez moi monseigneur de vous faire quitter vos si charmantes pensée, mais je ne pense pas que rester ici soit la meilleure idée qui puisse vous venir. Je ne sais pas si tu l’as remarqué, mais il n’y a pas que des regards tendres et généreux qui se posent sur toi ! Je ne me considère pas comme une poltronne, mais si l’on pouvait s’éclipser au plus vite, cela ne me déplairait pas. » La petite voix avait pris un ton légèrement angoissé, craintive.
Theo secoua la tête pour tenter de chasser ses pensées et se recentrer sur le présent. Il s’était immobilisé près d’un étal de fruit et le silence autour de lui était total, petite bulle de silence dans le brouhaha ambiant.
« Oui, tu as raison, désolé, allons voir au port, nous devrions trouver un navire près à nous embarquer pour un des continents, peu importe lequel. Tout plutôt que de rester là. » Le jeune homme trouvait encore étrange de s’adresser à la petite fée qui pendait à son oreille.

Theo pris donc lentement la direction du port, trainant les pas à travers le marché, son pas se fit un peu plus rapide quand la foule se fit moins dense. Il s’engagea dans une ruelle entouré par deux bâtiments à colombage. A nouveau perdu dans ses pensées, il ne fit pas attention à la silhouette boitant légèrement qui le suivait de son pas claudiquant. Un bandage entourait l’avant-bras de la silhouette, en partie caché par la cape rabattu sur l’homme, et une lueur meurtrière brulait dans ses yeux. Le jeune homme ne l’avait pas reconnu, ni même remarqué, et pourtant lui l’avait presque immédiatement repéré, même sans l’emblème du faucon des neiges brodé dans le dos de la veste, l’homme n’avait pas oublié le jeune homme qu’il avait affronté la veille. Ce maudit manieur d’ärm et toute sa famille qui l’avait empêché de pénétré dans le caveau et de faire fortune. Il n’avait récolté que des plaies et des bosses de son expédition.
L’homme pressa le pas en le voyant tourner à l’angle de la rue, s’était sa chance d’avoir sa revanche, dans cette ruelle sombre personne ne les verraient régler leur compte.

Nb : Merci d’avance au gentil MJ qui prendra le rôle du PNJ =)

L'endroit semblait parfait pour un règlement de compte. L'homme ne comptait pas passer par quatre chemins pour faire bien saisir son point de vue, mais il voulait aussi que ce sale garnement comprenne bien la raison pour laquelle il allait passer de vie à trépas. La ruelle tournait en forme de S droit un peu plus loin, il allait le coincer là, l'endroit le plus discret possible. Il accéléra le mouvement pour être capable de saisir le mouvement opportun et, lorsque Théo tourna, il activa son Ärm dans un murmure.

" Weapon Ärm, Ivy Boomerang."

Il leva la main qui lui restait, et tenait à présent un superbe boomerang en bois qui semblait couvert de lierre. Il visait les jambes de sa cible. A cette distance et de dos, il n'avait quasiment aucune chance de le rater, et sa détermination était augmentée par sa haine. L'homme imprima un mouvement sec au boomerang qui partit en sifflant droit vers les jambes de Théo, le frappant juste à l'arrière des jambes et lui faisant perdre l'équilibre. (-10pv) Le boomerang revint l'instant d'après dans la main de son possesseur qui le désactiva et sortit un couteau de chasse qu'il portait à la ceinture.

" Théo !"

L'homme s'était mis à s'approcher de sa cible à pas lents. Il comptait bien profiter au maximum de l'instant.

"Tu me reconnais ? A cause de toi j'ai tout perdu. Je ne peux même plus travailler, maintenant."

Sans se soucier de voir si Théo s'était déjà retourné ou l'écoutait, il brandit son bras à la main manquante. Le linge qui l'enveloppait était rouge sombre et dégageait une odeur vaguement métallique.

"Et tout ça à cause de toi ! Il est l'heure de rembourser ta dette."

Il tenait le couteau de sa main valide et était à présent dangereusement près de Théo.

Theo longeait les murs de la ruelle, la tête basse, à présent on pouvait percevoir dans lointain les bruits que provoquait l’activité frénétique qui habitait le port, la marée montante ne devait plus être très loin, car on entendait les ordres criés par les capitaines qui haranguaient leur équipage à se presser.
Perdu dans ses pensées Theo sursauta lorsqu’Emily lui vrilla le tympan en hurlant son avertissement : « Theo ! Attention derrière toi ! » Le cri de la petite fée fut presque instantanément couvert par un étrange sifflement qui s’éleva tel le cri d’un oiseau de proie dans son dos. Et alors que le jeune homme entamait une volte pour faire face au chemin qu’il venait d’emprunter, une douleur cuisante apparut au niveau des genoux, l’objet le percutant avec force fit ployer ses jambes et Theo étouffa un cri de douleur alors qu’il s’effondrait au sol, la douleur vive prenant peu à peu une manifestation plus sourde et lancinante.

« Theo ! » L’interjection résonna dans la petite ruelle, alors qu’il faisait un demi-tour sur lui-même pour voir le danger. En face de lui se tenait une caricature d’être humain, l’homme était sale et débraillé, un regard fou injecté de sang et brûlant d’une haine vivace. Il tentait de camoufler sa main manquante dans les volutes de sa cape, mais le moignon bander à la hâte ressortait d’un carmin prononcé sur le bleu nuit de la cape.
« Tu me reconnais ? A cause de toi… » le reste de sa phrase disparut devant la stupéfaction du jeune homme, sur qui l’homme pointait un moignon accusateur, avançant d’un pas décidé une longue lame effilée à la main.

« Et tout ça à cause de toi ! Il est l'heure de rembourser ta dette »
L’homme continuait d’avancer de sa démarche chaloupée et menaçante, Theo lui était paralysé, non par la peur mais par l’incompréhension. Qui était cet homme ? Pourquoi en avait-il après lui ? Alors qu’il aurait du réagir, contre attaquer, se défendre ou fuir, le jeune homme restait accroupi sur le sol, incapable du moindre mouvement. Les flashs de ses souvenirs de la veille l’assaillaient, flot ininterrompu et désordonné d’images, de sons et d’émotions entremêlés sans aucune cohérence.
Et puis brusquement de cet embrouillamini surgit une scène d’une netteté stupéfiante, il le revit, l’homme qui lui faisait face, au prise en duel avec son oncles au milieu du chaos qui avait régné ce jour là. Theo les épiait, attendant patiemment une occasion de permettre à son oncle de prendre le dessus. Enfin le moment s’était présenté, alors que l’homme entamait un estoc avec son couteau, Theo avait recouvert le sol de givre, faisant perdre son équilibre à l’homme en appuie sur sa jambe avant, son oncle avait esquivé la passe maladroite prestement et contre-attaqué dans le même geste coulé et fluide, la lame de vent immatérielle, aussi effilée qu’un rasoir avait tranché net la main au niveau du poignet .

« Theo, réagit je t’en prie ! » Ce n’est pas le cri, mais plutôt la soudaine décharge de magie qui s’établit entre lui et Emily qui le tira de sa torpeur. Une petite forme bleu et blanche comme une sculpture de glace et de neige passa devant lui alors qu’un mur de glace acérée surgissait sous les pieds de l’homme qui recula précipitamment, une nouvelle entaille zébrant ses côtes (-20 pv). La stupeur et la fatigue tombèrent comme une chape de plomb sur Theo, Emily se servait de ses réserves de magie et la dépense demandé était proprement effarante jamais son autre ärm n’avait demandé une telle dépense.
« Tu me fais pitié André, regardes toi, tu ne vaux guère plus qu’un tire laine ou un coupe jarret de bas fond. Comment peux-tu supporter une telle déchéance. Avant la cupidité et l’avidité te rongeait mais tu avais encore une once d’honneur. Tu me dégoûtes ! » Le ton d’Emily était vibrant de colère et d’indignation, mais Theo sentait également de la peine poindre dans le timbre de la petite fée qui contemplait son adversaire les poings sur les hanches, surplombant la muraille de glace qu’elle avait édifié.
« Va t’en, oubli tout ça ! Tente de te refaire une nouvelle vie. Ne cherche pas la vengeance, ou tu me trouveras. Tu me connais, tu sais de quoi je suis capable, j’avais déjà mauvais caractère quand j’étais lié à Gabe, ton ami. Mais je te jure que si tu tentes de toucher un seul cheveu à la tête de Theo, je te le ferais payer au centuple. »
Le regard qu’elle décocha à l’homme le fit reculer d’un pas. Mais ce dernier se ressaisi et affermit sa prise sur son arme, à l’inverse de Theo qui restait stupéfait par la petite fée qui flottait devant ses yeux. Qu’allait faire l’homme maintenant qu’une barrière le séparait de sa vengeance sur toute la longueur de la ruelle ?


PV : 40
PF : 40
Ärm activé : Emily, fée des neiges.

L'homme recula sous l'effet de la surprise, puis très vite de la douleur. Il poussa un hurlement d'animal tout en titubant vers l'arrière, mais il n'avait pas lâché son couteau. Cependant, il était stupéfait par ce qui venait de se produire. La veille, il s'était fait avoir par un Ärm de glace, mais c'était parce que le garçon l'avait pris par surprise. Aujourd'hui c'était complètement différent. Il devinait l'origine de cette différence et cela le rendait fou de rage. Et cette furie augmenta encore d'intensité lorsque la fée de glace l'invectiva par dessus la muraille gelée.

- Tu... tu... Tu te FOUS DE MOI ?! THEO !!!

Il n'avait aucune intention de discuter avec cette... chose. Cet espèce d'Ärm maudit, qui avait appartenu très récemment à un de ses amis. Il n'avait jamais vraiment vu l'objet en action jusqu'à aujourd'hui, mais c'était incontestablement ce qui conférait un pouvoir supérieur à Théo. Si seulement ils avaient pu entrer dans le Caveau. Si seulement ils avaient pu... Cette simple hypothèse aurait pu changer sa vie, d'une façon diamétralement opposée à ce qu'elle était devenue. Et maintenant, il ne pouvait même pas prendre sa revanche en vrai duel. Il avait pris ses précautions, c'était une chance. A présent, qu'il tourne les talons et s'en aille ou qu'il reste, il savait que Théo n'en avait plus pour très longtemps à vivre.
Il continuait de contenir le flot d'insultes qui était au bord de ses lèvres. Ce garçon était un pillard autant que les autres, et même plus que les autres, car il avait ramené une prise des mains d'un cadavre. Il avait été banni du village. De quelle droit ce stupide bout de métal ensorcelé lui hurlait dessus ainsi ? Il était beaucoup plus dans son bon droit que ce gosse de la famille des gardiens, sa déchéance était au moins égale.
André se sentait au bord de l'explosion. La seule raison à son mutisme était qu'il ne savait par où commencer pour déverser sa haine. Des larmes de rage apaprurent au bord de ses yeux sans même qu'il ne s'en rende compte.
Puis il regarda regarda le mur de glace et se calma brusquement.

- Théo, écoute bien mes mots. On va se revoir bientôt, mais tu es déjà un homme mort. Tu ne peux rien faire contre cela.

Sa voix était devenue sinistre. Mais en dépit de sa folie, il n'y avait pas à s'y tromper, cet homme énonçait des faits, et non des menaces vaines.

- Pars donc devant. A très vite.

Il ne craignait pas une attaque dans le dos mais restait sur place, face au mur de glace. Face à Emily, sur qui il comptait bien mettre la main une fois qu'il la récupèrerait du cadavre de son propriétaire provisoire. Qu'il file donc pour le moment, mais il n'irait pas bien loin. Théo l'ignorait encore pour le moment, mais le poison distillé par le Ivy Boomerang circulait déjà dans ses veines en ce moment même, et ce n'était plus qu'une question de temps désormais. Il s'en rendrait peut-être même compte trop tard...